Pour finir, voici mon histoire :

C'est en l'an 1780, dans une noble famille de la royauté prussienne que je vis le jour. Troisième enfant et première fille de la branche principale de la famille Von Veltheim, j'étais déjà destinée à épouser plus tard un homme important : le futur roi de Prusse, afin de faire entrer la maison Von Veltheim dans la famille royale ainsi que dans l'histoire.

Mon enfance fut classique. Comme toutes les petites filles de la noblesse, j'eu droit à une éducation de choix avec les meilleurs professeurs, j'appris à jouer du clavecin, à chanter, à monter à cheval, à chasser, l'histoire de son pays... Cela ne me passionnait pas franchement mais les nourrices qui s'occupaient de moi ne cessaient de me rabâcher à quel point il était important que je maîtrise autant de compétences, aussi diverses et variées soient-elles, pour être digne d'intégrer un jour la famille royale. C'est donc ainsi que je passais ce que vous appelez aujourd'hui mes années "insouciantes"; en courant après un but que je ne comprenais pas et que je ne désirais pas vraiment non plus. Cependant, la politique de l'époque voulait que les enfants respectent et obéissent aux désirs de leurs géniteurs.


C'est en 1796, à l'âge de 16 ans, que j'épousais mon mari : le prince prussien. Bien entendu, il n'y avait pas d'amour entre nous. Nous nous respections mutuellement et je faisais mon possible pour être la parfaite épouse comme le voulaient mes parents. Après tout, il ne fallait absolument que je gâche l'avenir parfait qu'ils m'avaient confectionné avec tant d'attention. Mais je m'appliquais et jouais si parfaitement mon rôle que le peuple prussien ainsi que mon époux étaient en admiration devant tous mes faits en gestes. J'étais vraiment fière de moi, j'avais réussi aux yeux de tous et rien ne semblait pouvoir venir entacher ce merveilleux tableau.

Environs 3 ans plus tard, un étrange conflit démarra en Europe. Des créatures non-humaines avec qui nous avions réussi à établir un rapport plutôt harmonieux se mirent à utiliser leurs habilités pour nuire à la race humaine. Mon mari, en tant que détenteur d'un pouvoir royal, décida de rejoindre l'ordre et nous nous rendirent alors en Angleterre où une académie semblait être l'un des sièges de cette révolution nouvelle. C'est la que ma vie changea du tout au tout. En effet, à notre arrivée, la situation n'était encore que plus envenimée.
Un soir, alors que mon mari participait à une énième conférence visant à rapporter la paix sur terre, je me trouvais seule dans nos appartements. C'est alors qu'un homme de main que je n'avais jamais vu vint me rendre visite. Il possédait un charme que je ne su point expliqué à l'époque mais qui est maintenant une évidence. C'était un vampire. Un vrai. Je me souviens très peu de ce qu'il se passa cette soirée si ce n'est que, prise d'une étrange torpeur, j'avais suivi cet étranger.

Le lendemain, j'étais devenue une créature surnaturelle, un vampire. Inutile de vous précisez que, lorsque j'appris la nouvelle à mon époux, il me renia dans la seconde et me pria de fuir loin de lui afin qu'il puisse faire croire au peuple que leur reine avait perdue la vie. Je devais le comprendre voyons ! Quelle honte  d'avoir pour reine une créature du diable ! Il fallait que je lui soit déjà reconnaissante de ne pas me tuer sur place. C'est sur ces dernières paroles qu'il quitta le pays me laissant seule, à la merci d'un monde que je ne comprenais pas vraiment et que je ne connaissais pas.


C'est ainsi que, deux siècles durant, j'arpentais l'Angleterre, me faisant à ma nouvelle nature, me liant à des êtres de mon espèce qui parvinrent à calmer ma colère et ma haine. Je fis la connaissance d'une personne qui, après la destruction de l'académie surnaturelle, prit la décision de reconstruire Fordham. Je pris une part active à la reconstruction de cet endroit qui avait été le siège des bouleversements majeurs de ma vie. Il me proposa un poste en tant que surveillante dans l'académie. D'abord réticente, je refusais sa proposition et m'évanouis dans la nature afin de prendre le temps de voyager, de connaître du monde avant de revenir afin d'assumer la tâche qu'on m'avait confié.