Pour finir, voici mon histoire :

Kizu est une personne solitaire, enfin selon ce que disent les autres. Pour continuer selon le point de vue de ces personnes, il est une personne qui ne supporte pas le contact des autres mais qui fait tout pour attirer leur attention. D’où il vient, les gens l’appelaient « attention whore ». En français, l’expression n’existe pas, mais c’est une façon vulgaire de dire qu’il a un besoin pathétique d’attention. Lorsqu’il commençait à parler de ses sentiments, ça devenait « drama queen » : les autres pensaient qu’ils exagéraient. Mais s’ils avaient mieux connu Kizu, ils auraient peut-être compris qu’il recherchait de l’aide plutôt que des moqueries : il n’avait pas vraiment d’ami et quand il essayait de s’en faire, il n’arrivait pas à les garder longtemps. Pourquoi ? Parce qu’il avait toujours l’air triste ou énervé même quand il vivait les meilleurs moments de sa vie, et ses proches en avaient rapidement marre.

Vous devez vous demander pourquoi cet air s’affichait sur son visage, mais il n’accepterait pas que quelqu’un d’autre le sache, il en garde de trop mauvais souvenirs. Mais ces souvenirs le font avancer, et comme preuve, vous pouvez voir qu’il ne quitte jamais son arme, et cette arme est un souvenir direct de ce qu’il a vécu. Mais il a décidé de se battre pour vaincre cette peur des autres et son passé. Alors il s’est entraîné jour et nuit au tir, négligeant l’école, oubliant les autres et lui-même parfois. Il lui est souvent arrivé de ne rien manger pendant une journée. Sans sa famille autour de lui, il aurait pu mourir à petit feu tellement il ne faisait pas attention à lui.

En y réfléchissant, il s’est dit que le mieux pour lui était de tout quitter et de tout recommencer, loin de là. Alors après quelques semaines de travail sur lui-même, il prit petit à petit confiance en lui. Il n’était pas aussi confiant que la plupart des gens, mais il s’en rapprochait. Cherchant un endroit où il pourrait être différent sans craindre les autres, il se renseignait sur des écoles loin de chez lui, voire même à l’étranger. Au fur et à mesure de ses recherches, il perdait petit à petit espoir, jusqu’au moment où il lut un article d’un petit journal anglais qui parlait de la rénovation d’une école spéciale. Il s’est dit « Pourquoi pas moi ? Je ne suis peut-être pas spécial comme eux, mais je ne suis pas comme les autres. ».

Pour pouvoir y aller, il devait d’abord demander l’autorisation de ses parents, et pour l’avoir, ce n’était pas vraiment chose facile. Ils lui ont demandé de devenir autonome et de pouvoir payer ses études lui-même. Il se dépêcha donc de trouver un travail, et il ne cherchait pas un travail spécial, mais un travail qu’il pourrait avoir rapidement. Rien de plus facile, la région étant paysanne, il a été embauché auprès des fermiers aux alentours. Avec le salaire de misère qu’il gagnait, il lui aurait fallu plus d’un an et demi avant de pouvoir partir, alors il décida de cumuler les métiers en travaillant la journée dans le champ et le soir comme livreur de légume. C’était fatiguant et, son corps n’était pas très endurant, il dut faire plusieurs pauses d’une journée ou deux pour pouvoir continuer comme ça. En plus de cela, ses horaires l’empêchaient d’aller à l’école, mais il n’avait pas le choix, il devait travailler.

Selon ses calculs, il devait faire ça pendant 8 mois pour pouvoir payer ses études, mais l’argent n’était pas le seul bénéfice de ces emplois : son corps s’endurcissait, tout comme son âme et son cœur. Ses muscles grossissaient doucement, quelques petits sourires commençaient à s’afficher sur son visage. Son entourage commençait à le traiter comme quelqu’un de normal, mais il mit longtemps avant de s’en rendre compte. Et quand il s’en est rendu compte, il en a pleuré, pas de tristesse, mais de fierté : il comprit que tout ce qu’il avait vécu, bien comme mal, l’avait fait devenir ce qu’il est maintenant, et les autres l’acceptent comme il est maintenant. Il avait l’impression de voir sa famille s’agrandir. Alors il mit tout son cœur pour travailler du mieux qu’il le pouvait, et ses résultats le prouvaient : les légumes avaient bien poussé cette année-là et les livraisons devenaient de plus en plus fréquentes. Il devait se battre pour les remercier pour tout ça, sans oublier son objectif de devenir autonome et de pouvoir étudier dans cette école.

Jour après jour, le jour de son départ se rapprochait, toujours plus rapidement. Malheureusement, un doute commençait à apparaître en lui : est-ce qu’il sera capable de vivre totalement seul après tous ces efforts ? Il passait enfin de bons moments, mais il devra quitter tout ça pour aller étudier, est-ce que ça en valait vraiment le coup ? Il s’imaginait encore vivre les mêmes souffrances qu’autrefois, mais il n’avait pas le choix, il ne veut pas être lâche et tout laisser tomber maintenant.

Le jour de son départ était arrivé,  il n’avait pas le temps de faire des adieux longs et déchirants. Il se dirigea vers l’aéroport avec son enveloppe pleine de billets dans sa valise avec le reste de ses affaires. Après être passé devant les divers agents de sécurité, il s’installa contre un hublot. Quelques larmes coulaient, pleine de mélancolie et de peurs, il allait quitter le cocon familiale et  être seul, loin de tout ce qu’il connait déjà. Arrivera-t-il à se faire des amis ? Est-ce qu’il aura le même niveau que les autres malgré ses études manquantes ? Toutes ces questions se bousculaient dans sa tête, mais une part de fierté était là aussi. Ce n’est pas tout le monde qui peut partir loin de chez lui et tout recommencer. Il se fixa donc comme objectif de réussir sa vie là où il irait, même si ça lui semblait être le bout du monde. Il réussira, quoiqu’il arrive.

Le voyage se passait plutôt bien, il était perdu dans ses pensées essayant d’imaginer sa future école et si la rentrée se passera bien. Mais il ne le saura qu’à l’arrivée. L’avion atterri, il sortit rapidement et prit vite le premier taxi pour y accéder. Le voyage long d’une heure ne l’a pas vraiment stressé, étrangement. Il était surtout impatient, et il le devint encore plus quand le taxi le déposa à une centaine de mètres de l’établissement.

A cette distance, il ne put distinguer qu’une grande maison, mais en se rapprochant, un énorme portail apparaissait petit à petit. Il était gigantesque, mais pas autant que le bâtiment qu’il gardait : il devait faire trois fois son ancien village en superficie. A travers la grille, il pouvait distinguer des jardins, et au loin une énorme tour. La cour était plutôt calme, il n’y avait que quelques petits groupes d’élèves. Il poussa le portail pour entrer. Sa rentrée allait être dans quelques secondes, ce moment lui paraissait long de plusieurs heures.

Arrivé au niveau du bâtiment principal, il se mit à la recherche du secrétariat pour enfin s’inscrire et découvrir dans quelle classe il était.  Il réussit à la trouver rapidement, et en essayant de vaincre sa timidité, il se rapprochait du bureau pour demander ce qu’il devait remplir et quand les cours commenceraient pour lui. La personne qui gérait les inscriptions est restée simple avec lui, ce qui lui a permis de se détendre un petit peu. Après que tout soit rempli, il reçut une carte des lieux, son emploi du temps et le numéro de sa chambre. Maintenant il n’a plus qu’à attendre le lendemain matin avant de pouvoir commencer les cours.